Qu’est-ce que la simulation translationnelle ?
Et en quoi est-elle différente des applications traditionnelles de la simulation ?
Et en quoi est-elle différente des applications traditionnelles de la simulation ?
Traditionnellement, la simulation visait à renforcer les connaissances individuelles et les compétences d’équipe. La simulation translationnelle va plus loin : elle utilise la simulation comme un outil actif pour diagnostiquer les problèmes, améliorer les systèmes et concevoir des soins plus sûrs et plus efficaces.
- Dr. Victoria Brazil
Directrice, Bond Translational Simulation Collaborative ; Professeure en médecine d’urgence et Directrice de la simulation, Bond University

La simulation en santé a longtemps été considérée comme un outil puissant pour l’apprentissage. Qu’il s’agisse de former les étudiants aux gestes cliniques de base ou de préparer des équipes à des urgences rares, elle a permis de développer la compétence, la confiance et la mémoire musculaire.
Cependant, les plus grands défis actuels en santé ne proviennent pas toujours d’un manque de connaissances individuelles : ils sont liés à la complexité des systèmes, aux ruptures de communication et aux inefficacités des flux de travail.
C’est là que la simulation translationnelle entre en jeu.
Introduit par la Dr Victoria Brazil et adopté par des experts tels que Dr Andrew Petrosoniak, Christopher Peter Nickson et d’autres, le terme désigne l’utilisation de la simulation non seulement pour enseigner de meilleures pratiques de soins, mais aussi pour améliorer les systèmes de soins. Elle agit comme un pont entre la pratique de terrain et la conception des systèmes, permettant aux équipes de tester des idées, d’identifier les risques et d’intégrer des méthodes de travail plus sûres.
En soulignant que la simulation est largement utilisée pour la formation en santé, la Dr Victoria Brazil précise qu’elle peut aller plus loin en étant "directement connectée aux priorités des services de santé et aux résultats pour les patients, grâce à des fonctions d’intervention et de diagnostic, indépendamment du lieu de l’activité de simulation".2
On peut le voir ainsi : la simulation translationnelle « traduit » les efforts de la simulation en une meilleure structure de soins, c’est-à-dire des systèmes plus performants.
La simulation translationnelle permet aux équipes de santé de :
En d’autres termes, la simulation translationnelle ne se limite pas à demander : « Nos cliniciens savent-ils quoi faire ? » Elle pose la question : « Le système leur permet-il de le faire ? »
Lorsqu’on pense à la simulation, on l’associe souvent à la formation (quoi faire), en oubliant l’amélioration de l’environnement dans lequel ces actions se déroulent (le système lui-même).
- Dr. Andrew Petrosoniak MSc (Med Ed), FRCPC,
Médecin urgentiste et chef d’équipe de traumatologie à l’hôpital St. Michael’s, Toronto, Canada

À l’hôpital St. Michael’s, le Dr Petrosoniak a dirigé un projet de simulation translationnelle pour tester l’aménagement d’une nouvelle salle de traumatologie avant la finalisation des travaux.
Les simulations ont révélé des problèmes tels que :
Grâce à ces observations, l’équipe a pu repenser des éléments clés avant l’ouverture de l’espace aux patients.
Résultat : un environnement de traumatologie plus sûr et plus fonctionnel, fondé sur l’expérience réelle — et non sur des suppositions.
Dans le Nebraska, un programme de simulation mené dans 12 hôpitaux ruraux a mis en évidence des lacunes dans la prise en charge des hémorragies obstétricales — notamment concernant la disponibilité du sang, l’emplacement des médicaments et la coordination des équipes.
Grâce à la simulation in situ, le personnel a identifié les failles, redéfini ses protocoles d’urgence et répété les procédures à plusieurs reprises.
— Médecin OB/GYN, Bryan Health
C’est la simulation translationnelle en action : diagnostiquer la faille, co-concevoir la solution, l’intégrer par la pratique et la valider dans le monde réel.
Selon les experts en amélioration de la qualité (QI) et les bonnes pratiques généralement admises, les démarches de simulation translationnelle suivent deux approches principales :
Une simulation conçue comme un « test diagnostique des systèmes », permettant aux participants et aux parties prenantes de comprendre le fonctionnement actuel et de repérer les risques ou problèmes.
Une simulation destinée à tester et pratiquer des solutions et des améliorations, afin de garantir que les changements profitent réellement à la qualité des soins et à la performance des systèmes.
Comme le souligne la Dr Victoria Brazil :
« Le terme simulation translationnelle désigne une simulation en santé axée directement sur l’amélioration des soins aux patients et des systèmes de santé, en identifiant les problèmes de sécurité et de performance et en proposant des interventions basées sur la simulation, indépendamment du lieu, de la modalité ou du contenu de la simulation. Elle s’aligne fonctionnellement sur les activités d’amélioration de la qualité dans les établissements de santé, tout en englobant les interventions éducatives visant les comportements en pratique ou les résultats pour les patients. »⁶
La simulation translationnelle ne remplace pas la formation traditionnelle — mais elle rapproche la simulation du travail réel et se concentre sur l’amélioration des performances des systèmes et des résultats.
Si vous avez déjà un programme de simulation, voici les étapes pour lui donner un impact translationnel :
Impliquer des parties prenantes au-delà de la formation
Associez les responsables qualité, le personnel de terrain, les équipes techniques et les responsables sécurité des patients. L’objectif : améliorer les soins, pas seulement la compétence.
Commencer dans l’environnement réel
Organisez des simulations in situ dans les unités, salles ou flux de travail que vous souhaitez optimiser. Observez tout : dynamique d’équipe, équipements, délais.
Intégrer un débriefing orienté système
Ne vous limitez pas à « Qu’a bien fait l’équipe ? ». Demandez : « Qu’est-ce qui a dysfonctionné dans le processus ? Qu’est-ce qui a aidé ou freiné ? ».
Suivre les résultats
Allez au-delà de la confiance des participants. Mesurez les changements : temps de réponse, signalements de quasi-accidents, menaces latentes résolues, ou résultats patients.
Partager les réussites
Publiez vos conclusions. Même de petites améliorations — comme des kits d’accès IV mieux organisés ou des transmissions NICU simplifiées — peuvent inspirer des changements majeurs dans les systèmes.
La simulation traditionnelle forme les individus.
La simulation translationnelle transforme les systèmes.
Les deux sont précieuses — mais la simulation translationnelle vous offre un niveau de progrès inédit.
Si vous êtes prêt·e à entrer dans le champ de l’amélioration des systèmes et à tracer une nouvelle voie vers des soins plus sûrs, il est temps de passer à la simulation translationnelle.